III - Endoctrinement et Prosélytisme


ENDOCTRINEMENT ET PROSELYTISME
 
 
 
I-               Introduction
 
Nous avons remarqué qu’une donnée souvent utilisée pour caractériser les sectes relève de leurs méthodes d’endoctrinement. En effet, même si ce n’est pas une donnée utilisée officiellement, nous remarquons que 86% des personnes ayant répondu au sondage que nous avons fait passer dans notre lycée (voir IV- Sectes et Société) considèrent que « sectes » et « prosélytisme » vont de pair. De plus, c’est une des plus grandes critiques qui sont adressées aux sectes en général (les Témoins de Jéhovah sont parfois davantage accusés de faire du porte à porte que de leur doctrine). Nous avons donc décidé de nous pencher sur la question.
Pour commencer, débutons avec un peu de vocabulaire. Les termes ci-dessous font partie de ceux qui seront souvent utilisés à travers cette partie :

 
·        Endoctrinement : Action de chercher à influencer, gouverner quelqu'un en lui imposant une doctrine, des modèles de pensée, des règles de conduite (définition : Trésor)
·        Prosélytisme : Zèle déployé pour convertir autrui à ses idées, pour tenter d'imposer ses convictions, pour répandre la foi, pour faire des adeptes (définition : Trésor)
·        Adepte : Partisan d'une doctrine religieuse, politique ou scientifique, du maître qui la professe. Ici ce terme sera utilisé dans son sens religieux, c’est à dire celui qui adhère aux idées d’un « maître » (définition : Trésor)
·        Gourou : De son sens originel d'instructeur spirituel dans le cadre des spiritualités indiennes, le mot a depuis régressé dans un sens péjoratif, principalement à cause de l'ignorance de l'authentique sens de ce terme. On emploie le terme de gourou pour désigner un leader, jugé sectaire, fantaisiste, ou même dangereux (définition : Wikipédia)
 
Ces termes définis, nous tenterons maintenant d’éclaircir de quelle façon le prosélytisme caractérise les sectes, en nous penchant sur les personnes visées et les méthodes employées. Enfin, nous déciderons si ce prosélytisme qui est censé caractériser les sectes leur est vraiment spécifiques, si on peut l’utiliser pour définir le terme « sectes » et enfin si le prosélytisme représente un danger pour la société.
 
 
I-               Les personnes visées par les sectes
 
A] Les étudiants
 
1)     Pourquoi ?
   
D’après l’article du Phosphore datant de Février 2000, les étudiants seraient des cibles idéales pour les sectes et ceci pour plusieurs raisons.
Les étudiants évoluent en effet dans un milieu instable, où tout en étant en manque d’identité (loin de leurs familles et de leur environnement d’origine), il faut agir et faire ses preuves (études) sans pourtant être sûr de ce que cela va leur apporter (chômage chez les jeunes). Les doutes prolifèrent, et par conséquent ils se sentent seuls voire isolés.
Les sectes profiteraient de cette situation pour se propager. Elles s’infiltreraient dans les milieux étudiants, viseraient ceux en situations les plus délicates et les endoctrineraient. La « recette » marcherait à tous les coups : la secte se propose comme une « seconde famille » pour l’adepte, elle devient alors son seul repère ce qui lui offre une vision simplifiée et plus rassurante de la réalité. Elles commencent par placer l’adepte au centre du monde, en lui proposant d’agir pour le changer (« Le monde va mal » est une accroche très employée chez les Scientologues) ce qui le convainc de la justesse de ses actions. Enfin, en lui imputant sa doctrine, la secte offre à l’adepte les réponses aux questions et doutes qui le rongent. Il n’y a aucun moyen d’esquive.
Il est aussi important de noter que toujours d’après le même article, les lycéens sont moins visés. Ceci est-il dû à un plus grand esprit critique de la part des lycéens ? Apparemment. Les étudiants seraient plus vulnérables de par leur situation, donc moins aptes à juger objectivement. Les sectes viseraient donc les catégories de personnes les plus « faibles ».
 
2)     Les sectes au campus
 
Les sectes se développent de diverses façons à l’université et à la fac. La façon la plus répandue de séduire un jeune cependant est de l’approcher via un autre jeune, ce qui a tendance à instaurer une certaine confiance entre les deux personnes. La vigilance du futur adepte est relâchée, ce qui laisse une marge de manœuvre à celui qui l’endoctrinera.
Cependant, les sectes ne se servent pas uniquement d’étudiants. Affiches, dépliants et tracts en tous genres affluent sur les campus, une bonne partie d’entre eux concernent les sectes. Souvent des réunions ou conférences sont aussi organisées, avec comme thème des discussions philosophiques ou à but caritatives. En somme, la façon dont les sectes prolifèrent dans le milieu étudiant ressemble fortement à la façon dont n’importe quelle organisation prolifère dans ce même milieu. Il est difficile donc de distinguer une secte parmi tous les autres mouvements en vogue.
Certains cas relèvent même d’incidents où ce sont des professeurs qui auraient servi de recruteur. Il est évident que dans ces cas-ci, il est extrêmement difficile de parvenir à faire la distinction entre « doctrine d’une secte » et « enseignement scolaire ». Ces cas-là seraient, heureusement, fort rares et spécifiques plutôt d’un enseignement privé (les médias ont déjà relaté le cas d’un proviseur d’école élémentaire publique appartenant aux Témoins de Jéhovah et essayant de faire passer sa doctrine, mais ce fut bien évidemment un cas exceptionnel).
On voit donc que la façon dont les sectes se développent dans le milieu étudiant est extrêmement bien camouflée puisqu’il n’y a rien de très extraordinaire, donc rien de particulièrement décelable. Les sectes se déplacent donc à la manière dont le font n’importe quelle organisation ; leurs manières d’opérer ne diffèrent en somme en que peu de choses avec celles d’organisations, par exemple caritatives – seules les intentions changent.
 
3)     Témoignage
 
Voici le témoignage de Yassenko, paru dans le numéro de Février 2000 de Phosphore. L’article n’est pas signé.
 
« C’est sans souci que Yassenko traverse aujourd’hui la rue. Cette même rue du quartier Saint-Germain, à Paris, où sa vie a pourtant connu un « fâcheux contretemps », comme il le dit. C’était en 1995. Deux ans plus tôt, Yassenko se réfugiait en France pour fuir Sarajevo, la guerre et les miliciens qui voulaient l’embrigader. « Je parlais français mais j’étais un peu paumé, je ne devais pas passer inaperçu », explique le basketteur du haut de son 1,94 m.
A l’image de ces jeunes de province venus étudier dans la capitale, Yassenko, 22 ans, inscrit en 1ère année de droit à Assas, s’avère être une proie idéale pour l’Eglise du Christ. La première fois que les adeptes de cette secte l’accostent, il se dit « intéressé, sans plus » par les soirées avec étude de la Bible qu’on lui propose. Mais il se sent seul. Peu d’amis, peu de sorties. Quatre mois plus tard, lorsqu’il croise de nouveau les jeunes de « l’Eglise », Yassenko accepte leur invitation. Il y voir surtout « l’occasion de se faire des amis ». Et des « amis », il va en avoir « clés en main ».
« Dès le premier rendez-vous, dans la salle du cinéma Grand Rex, note l’invité, je me suis senti très entouré. » Davantage encore trois jours plus tard, à l’occasion d’une rencontre plus intime, dans un appart : « Les jeunes étaient attentionnés, chaleureux. »
C’est ce qu’on appelle le love bombing, le « bombardement d’amour ». De quoi séduire les moins convaincus par l’étude – très orientée – de la Bible. D’ailleurs, « on parle religion, mais c’est clair que l’essentiel est ailleurs », remarque vite Yassenko.
Au fil des soirées, ses hôtes le questionnent longuement sur ses peurs, ses goûts, ses attirances, y compris sexuelles. En fait, « la secte constitue une fiche sur chaque adepte potentiel, rien ne doit lui échapper », explique Mathieu Cossu, spécialiste de la question à l’association antisectes ADFI (Association pour la défense des familles et de l’individu). »
 
Le reste de l’article relate l’entrée dans la secte de Yassenko, puis la sortie. C’est cependant ce passage qui retiendra notre attention puisqu’il relate la façon dont la secte a réussi à « l’endoctriner ».
Comme on le voit, Yassenko est un étudiant. A priori donc, il serait plus visé que n’importe quelle autre catégorie de personnes, puisque plus vulnérable. Vulnérable est en effet le bon mot : réfugié de guerre, très seul, étudiant, le fait que Yassenko en situation « précaire » ait été ciblé n’est visiblement pas un hasard.
 
B] Les personnes en situations précaires
 
Par « personnes en situation précaires » sont désignées toutes celles qui en général vivent une situation dite désagréable, par exemple chômage (surtout), pauvreté, travail sous-rénuméré, conditions de vies déplaisantes…
Il s’agit là du même cas de figure que celui des étudiants. La perte d’identité que beaucoup de mouvements essayent de combler avec leurs doctrines ne concerne pas uniquement les étudiants, les milieux en difficulté (pauvreté, HLM …) en sont parfois touchés par exemple. De même pour les populations immigrées, qui se trouvent perdues entre deux milieux culturels. Les sectes sont alors celles qui vont intégrer ces populations.
Les sectes s’infiltrent souvent dans ces milieux en tant que diverses associations. Par exemple, certains groupes d’aides à domicile, centres de vacances ou organismes de séjours linguistiques sont parfois dirigés par des sectes. Pour les familles moins aisées, l’initiation au mouvement se fait à travers des clubs de sport (parfois gratuits) ou de lectures organisées, dans une salle des fêtes par exemple.
Au final, les raisons pour lesquelles la catégorie de personnes précaires sont visées est la même que pour les étudiants : ils seraient plus ou moins « modelables ». Seule l’approche diffère.
 
 
C] Les classes très aisées
 
Nous considérerons cette catégorie de personnes comme une « exception », étant minoritaires. Cependant, ils existent réellement c’est pourquoi il faut en parler.
On voit souvent des grandes stars telles que Tom Cruise faire l’éloge de la Scientologie. Nous ne tenterons pas une analyse du star system en ce qui concerne les sectes, mais il est important de souligner ce que ces personnes en ont plus de la moyenne des gens : de l’argent.
Or, c’est peut-être cet argent (un des caractères communs à toutes les classes aisées) qui est responsable d’une certaine popularité des sectes auprès de cette catégorie de personnes.
Précisons aussi que certains mouvements, telle que le courant à tendance satanique luciférien possèdent une majorité d’adeptes issus des classes très aisées.
La question serait maintenant : pourquoi ? Est-ce que le fait que plus d’argent peut-être consacré au mouvement influe sur ce succès ? Est-ce qu’une catégorie de personnes plus cultivée les rend plus susceptibles à succomber à certains mouvements dits sectaires (ex : la « Nouvelle Acropole » qui se baserait sur l’histoire) ? On ne le sait pas trop, puisqu’ aucune étude ne s’est réellement penchée sur le sujet.
De par ailleurs, très peu de témoignages de personnes de classe aisée (donc moins vulnérable qu’un étudiant et en apparence plus « à l’aise ») sont parvenus jusqu’à nous. Ce qui peut signifier deux choses : soit l’emprise sur cette catégorie de personnes est plus forte, soit cette classe sociale a une tendance à se plaire dans ces mouvements – voire les initier.
 
Nous avons donc vu que, l’exception des classes très aisées mise à part, les catégories de personnes visées sont notamment celles en positions plus délicates, plus vulnérables et plus faciles à endoctriner. Cependant, est-ce que ceci devrait être répréhensible ? Pour beaucoup, oui. Mais en vérité, chaque commercial fait attention à cibler les personnes qu’il vise. Les sectes ne sont certes pas un réel « business », puisqu’elles s’attaquent à des institutions telles que la morale ou la religion. Cependant, nous nous sommes mises d’accord pour décider qu’une secte ne devrait pas être définie par ses manières d’agir, puisqu’elle ressemble de beaucoup à de maintes autres organisations ou institutions (exemples : partis politiques). Continuons donc notre étude en nous intéressant cette fois-ci aux méthodes utilisées par les sectes pour endoctriner, et voir si celles-ci sont répréhensibles.

 
·        Endoctrinement : Action de chercher à influencer, gouverner quelqu'un en lui imposant une doctrine, des modèles de pensée, des règles de conduite (définition : Trésor)
·        Prosélytisme : Zèle déployé pour convertir autrui à ses idées, pour tenter d'imposer ses convictions, pour répandre la foi, pour faire des adeptes (définition : Trésor)
·        Adepte : Partisan d'une doctrine religieuse, politique ou scientifique, du maître qui la professe. Ici ce terme sera utilisé dans son sens religieux, c’est à dire celui qui adhère aux idées d’un « maître » (définition : Trésor)
·        Gourou : De son sens originel d'instructeur spirituel dans le cadre des spiritualités indiennes, le mot a depuis régressé dans un sens péjoratif, principalement à cause de l'ignorance de l'authentique sens de ce terme. On emploie le terme de gourou pour désigner un leader, jugé sectaire, fantaisiste, ou même dangereux (définition : Wikipédia)
 
Ces termes définis, nous tenterons maintenant d’éclaircir de quelle façon le prosélytisme caractérise les sectes, en nous penchant sur les personnes visées et les méthodes employées. Enfin, nous déciderons si ce prosélytisme qui est censé caractériser les sectes leur est vraiment spécifiques, si on peut l’utiliser pour définir le terme « sectes » et enfin si le prosélytisme représente un danger pour la société.
 
 
I-               Les personnes visées par les sectes
 
A] Les étudiants
 
1)     Pourquoi ?
   
D’après l’article du Phosphore datant de Février 2000, les étudiants seraient des cibles idéales pour les sectes et ceci pour plusieurs raisons.
Les étudiants évoluent en effet dans un milieu instable, où tout en étant en manque d’identité (loin de leurs familles et de leur environnement d’origine), il faut agir et faire ses preuves (études) sans pourtant être sûr de ce que cela va leur apporter (chômage chez les jeunes). Les doutes prolifèrent, et par conséquent ils se sentent seuls voire isolés.
Les sectes profiteraient de cette situation pour se propager. Elles s’infiltreraient dans les milieux étudiants, viseraient ceux en situations les plus délicates et les endoctrineraient. La « recette » marcherait à tous les coups : la secte se propose comme une « seconde famille » pour l’adepte, elle devient alors son seul repère ce qui lui offre une vision simplifiée et plus rassurante de la réalité. Elles commencent par placer l’adepte au centre du monde, en lui proposant d’agir pour le changer (« Le monde va mal » est une accroche très employée chez les Scientologues) ce qui le convainc de la justesse de ses actions. Enfin, en lui imputant sa doctrine, la secte offre à l’adepte les réponses aux questions et doutes qui le rongent. Il n’y a aucun moyen d’esquive.
Il est aussi important de noter que toujours d’après le même article, les lycéens sont moins visés. Ceci est-il dû à un plus grand esprit critique de la part des lycéens ? Apparemment. Les étudiants seraient plus vulnérables de par leur situation, donc moins aptes à juger objectivement. Les sectes viseraient donc les catégories de personnes les plus « faibles ».
 
2)     Les sectes au campus
 
Les sectes se développent de diverses façons à l’université et à la fac. La façon la plus répandue de séduire un jeune cependant est de l’approcher via un autre jeune, ce qui a tendance à instaurer une certaine confiance entre les deux personnes. La vigilance du futur adepte est relâchée, ce qui laisse une marge de manœuvre à celui qui l’endoctrinera.
Cependant, les sectes ne se servent pas uniquement d’étudiants. Affiches, dépliants et tracts en tous genres affluent sur les campus, une bonne partie d’entre eux concernent les sectes. Souvent des réunions ou conférences sont aussi organisées, avec comme thème des discussions philosophiques ou à but caritatives. En somme, la façon dont les sectes prolifèrent dans le milieu étudiant ressemble fortement à la façon dont n’importe quelle organisation prolifère dans ce même milieu. Il est difficile donc de distinguer une secte parmi tous les autres mouvements en vogue.
Certains cas relèvent même d’incidents où ce sont des professeurs qui auraient servi de recruteur. Il est évident que dans ces cas-ci, il est extrêmement difficile de parvenir à faire la distinction entre « doctrine d’une secte » et « enseignement scolaire ». Ces cas-là seraient, heureusement, fort rares et spécifiques plutôt d’un enseignement privé (les médias ont déjà relaté le cas d’un proviseur d’école élémentaire publique appartenant aux Témoins de Jéhovah et essayant de faire passer sa doctrine, mais ce fut bien évidemment un cas exceptionnel).
On voit donc que la façon dont les sectes se développent dans le milieu étudiant est extrêmement bien camouflée puisqu’il n’y a rien de très extraordinaire, donc rien de particulièrement décelable. Les sectes se déplacent donc à la manière dont le font n’importe quelle organisation ; leurs manières d’opérer ne diffèrent en somme en que peu de choses avec celles d’organisations, par exemple caritatives – seules les intentions changent.
 
3)     Témoignage
 
Voici le témoignage de Yassenko, paru dans le numéro de Février 2000 de Phosphore. L’article n’est pas signé.
 
« C’est sans souci que Yassenko traverse aujourd’hui la rue. Cette même rue du quartier Saint-Germain, à Paris, où sa vie a pourtant connu un « fâcheux contretemps », comme il le dit. C’était en 1995. Deux ans plus tôt, Yassenko se réfugiait en France pour fuir Sarajevo, la guerre et les miliciens qui voulaient l’embrigader. « Je parlais français mais j’étais un peu paumé, je ne devais pas passer inaperçu », explique le basketteur du haut de son 1,94 m.
A l’image de ces jeunes de province venus étudier dans la capitale, Yassenko, 22 ans, inscrit en 1ère année de droit à Assas, s’avère être une proie idéale pour l’Eglise du Christ. La première fois que les adeptes de cette secte l’accostent, il se dit « intéressé, sans plus » par les soirées avec étude de la Bible qu’on lui propose. Mais il se sent seul. Peu d’amis, peu de sorties. Quatre mois plus tard, lorsqu’il croise de nouveau les jeunes de « l’Eglise », Yassenko accepte leur invitation. Il y voir surtout « l’occasion de se faire des amis ». Et des « amis », il va en avoir « clés en main ».
« Dès le premier rendez-vous, dans la salle du cinéma Grand Rex, note l’invité, je me suis senti très entouré. » Davantage encore trois jours plus tard, à l’occasion d’une rencontre plus intime, dans un appart : « Les jeunes étaient attentionnés, chaleureux. »
C’est ce qu’on appelle le love bombing, le « bombardement d’amour ». De quoi séduire les moins convaincus par l’étude – très orientée – de la Bible. D’ailleurs, « on parle religion, mais c’est clair que l’essentiel est ailleurs », remarque vite Yassenko.
Au fil des soirées, ses hôtes le questionnent longuement sur ses peurs, ses goûts, ses attirances, y compris sexuelles. En fait, « la secte constitue une fiche sur chaque adepte potentiel, rien ne doit lui échapper », explique Mathieu Cossu, spécialiste de la question à l’association antisectes ADFI (Association pour la défense des familles et de l’individu). »
 
Le reste de l’article relate l’entrée dans la secte de Yassenko, puis la sortie. C’est cependant ce passage qui retiendra notre attention puisqu’il relate la façon dont la secte a réussi à « l’endoctriner ».
Comme on le voit, Yassenko est un étudiant. A priori donc, il serait plus visé que n’importe quelle autre catégorie de personnes, puisque plus vulnérable. Vulnérable est en effet le bon mot : réfugié de guerre, très seul, étudiant, le fait que Yassenko en situation « précaire » ait été ciblé n’est visiblement pas un hasard.
 
B] Les personnes en situations précaires
 
Par « personnes en situation précaires » sont désignées toutes celles qui en général vivent une situation dite désagréable, par exemple chômage (surtout), pauvreté, travail sous-rénuméré, conditions de vies déplaisantes…
Il s’agit là du même cas de figure que celui des étudiants. La perte d’identité que beaucoup de mouvements essayent de combler avec leurs doctrines ne concerne pas uniquement les étudiants, les milieux en difficulté (pauvreté, HLM …) en sont parfois touchés par exemple. De même pour les populations immigrées, qui se trouvent perdues entre deux milieux culturels. Les sectes sont alors celles qui vont intégrer ces populations.
Les sectes s’infiltrent souvent dans ces milieux en tant que diverses associations. Par exemple, certains groupes d’aides à domicile, centres de vacances ou organismes de séjours linguistiques sont parfois dirigés par des sectes. Pour les familles moins aisées, l’initiation au mouvement se fait à travers des clubs de sport (parfois gratuits) ou de lectures organisées, dans une salle des fêtes par exemple.
Au final, les raisons pour lesquelles la catégorie de personnes précaires sont visées est la même que pour les étudiants : ils seraient plus ou moins « modelables ». Seule l’approche diffère.
 
 
C] Les classes très aisées
 
Nous considérerons cette catégorie de personnes comme une « exception », étant minoritaires. Cependant, ils existent réellement c’est pourquoi il faut en parler.
On voit souvent des grandes stars telles que Tom Cruise faire l’éloge de la Scientologie. Nous ne tenterons pas une analyse du star system en ce qui concerne les sectes, mais il est important de souligner ce que ces personnes en ont plus de la moyenne des gens : de l’argent.
Or, c’est peut-être cet argent (un des caractères communs à toutes les classes aisées) qui est responsable d’une certaine popularité des sectes auprès de cette catégorie de personnes.
Précisons aussi que certains mouvements, telle que le courant à tendance satanique luciférien possèdent une majorité d’adeptes issus des classes très aisées.
La question serait maintenant : pourquoi ? Est-ce que le fait que plus d’argent peut-être consacré au mouvement influe sur ce succès ? Est-ce qu’une catégorie de personnes plus cultivée les rend plus susceptibles à succomber à certains mouvements dits sectaires (ex : la « Nouvelle Acropole » qui se baserait sur l’histoire) ? On ne le sait pas trop, puisqu’ aucune étude ne s’est réellement penchée sur le sujet.
De par ailleurs, très peu de témoignages de personnes de classe aisée (donc moins vulnérable qu’un étudiant et en apparence plus « à l’aise ») sont parvenus jusqu’à nous. Ce qui peut signifier deux choses : soit l’emprise sur cette catégorie de personnes est plus forte, soit cette classe sociale a une tendance à se plaire dans ces mouvements – voire les initier.
 
Nous avons donc vu que, l’exception des classes très aisées mise à part, les catégories de personnes visées sont notamment celles en positions plus délicates, plus vulnérables et plus faciles à endoctriner. Cependant, est-ce que ceci devrait être répréhensible ? Pour beaucoup, oui. Mais en vérité, chaque commercial fait attention à cibler les personnes qu’il vise. Les sectes ne sont certes pas un réel « business », puisqu’elles s’attaquent à des institutions telles que la morale ou la religion. Cependant, nous nous sommes mises d’accord pour décider qu’une secte ne devrait pas être définie par ses manières d’agir, puisqu’elle ressemble de beaucoup à de maintes autres organisations ou institutions (exemples : partis politiques). Continuons donc notre étude en nous intéressant cette fois-ci aux méthodes utilisées par les sectes pour endoctriner, et voir si celles-ci sont répréhensibles.

I-               Les méthodes utilisées
 
A] Le porte à porte et autres méthodes « directes »
              
            Le « porte à porte » est une des méthodes d’endoctrinement les plus critiquées. En effet, quand nous parlions de « sectes » à chacune des personnes à qui nous avons distribué notre sondage (voir IV- Sectes et Société), beaucoup pensaient directement aux Témoins de Jéhovah et à un évènement où ils seraient passés chez eux pour offrir une lecture de la Bible.
            En revanche, même si on parle beaucoup de ce fait, est-ce une donnée forcément répréhensible ? Le fond, certes, ne change pas : les Témoins cherchent à endoctriner un maximum de personnes pour leur inculquer une doctrine qui permettrait de les manipuler (voir II- Etudes de cas), ce qui est condamnable. Néanmoins, la façon dont ils procèdent n’est pas particulièrement remarquable ; certes peu de gens aiment être dérangés chez eux ou accostés dans la rue mais cette façon d’agir ne porte réel préjudice à personne, et n’est pas spécifique des Témoins uniquement.

D’autres méthodes sont souvent critiquées. On nous a par exemple déjà distribué des Bibles devant le lycée. Ou les distributeurs de tracts, les gens nous accostant directement dans la rue en cherchant à nous intéresser à leur mouvement. Cependant, ne serait-ce pas l’esprit critique de chacun qui est responsable du résultat d’une telle action, plutôt que les « mauvaises volontés » du recruteur ? Puisqu’en somme, ces méthodes de recrutement, sont une nouvelle fois banales. Certes, les faits sont exagérés, les tracts distribués trop invraisemblables, mais ceci ne fait que partie du second plan en ce qui concerne ce que l’on doit prendre en compte lors de l’étude d’une secte.
 
B] Etude d’un dépliant
 
Nous avons choisi d’analyser un dépliant qui nous a été distribué à Paris par le Falun Gong. L’étude a cependant été dure à mener, en effet dans la brochure rien n’est montré de façon à faire passer le mouvement pour « sectaire ». De plus, malgré une certaine exagération des faits, il ne peut être nié que le Falun Gong a bel et bien été victime du gouvernement chinois, il est dur donc de prendre position pour un mouvement qui a été persécuté, sectaire ou non. Cependant, il y a des faits qui ne trompent pas, puisqu’ils caractérisent à coup sûr un prosélytisme aigu. En rouge foncé sont donc nos commentaires :
 
 






 
Sans prendre aucune position vis-à-vis du mouvement, le prosélytisme est évident puisque tout est mis en œuvre pour ranger le lecteur du côté du groupe (une large surestimation du nombre d’adeptes par exemple).
 
 
C] Internet
 
Une autre sphère « banale » dans laquelle opèrent souvent les sectes est le milieu Internet.
               Les stratégies de pénétration du Web sont diverses : celle des raëliens consiste à investir les forums pour y faire leur publicité. Mais sur Internet, c’est la Scientologie qui paraît la plus efficace. Pratiquant le « spam » (=courrier diffusé sans avoir été demandé), le mouvement propose, par exemple, d’envoyer son test de personnalité en échange d’un numéro de téléphone et d’une adresse (ce qui permet de relier l’adepte au mouvement). La Scientologie est aussi parvenue à placer des liens sur des sites très fréquentés par les jeunes, celui de Sega (jeux vidéo), par exemple.
            De plus, il y a quelques années il suffisait de taper « sectes » dans le moteur de recherche Yahoo pour tomber sur un site pro sectes qui cogne sur les associations de lutte comme l’ADFI. Dans une situation pareille, il est évident que les sectes arrivent facilement à se propager.
            En revanche, en tapant « religion » on tombe sur des milliers de sites personnels que la Scientologie a créés pour ses adeptes. Des sites stéréotypés, où seul le nom de l’hôte change. L’objectif est de noyer les moteurs de recherche pour les empêcher de trouver les sites critiques à son égard. Aujourd’hui est répertorié un total de 3500 de ces sites.
 
Les techniques utilisées par les sectes pour « séduire » de nouveaux adeptes sont donc nombreuses et variées. Les clichés ne se trompent pas ; le prosélytisme fait bien partie intégrante des mœurs des sectes.
 
 
I-               Conclusion
 
Nous avons donc vu en quoi consistait réellement ce qu’on appelle « le prosélytisme » qui caractérisent beaucoup de sectes : cibler des futurs adeptes « manipulables » puis les approcher par de diverses méthodes (porte à porte, distribution de tracts, réunions …) afin de leur convaincre de la justesse de leur doctrine.


Nous le voyons bien avec la brochure du Falun Gong par exemple : le mouvement est présenté d’une façon très positive (sans laisser glisser un seul fait qui pourrait se retourner contre lui) puis fait apparaître de façon révoltante (vente d’organes) la persécution de ces membres.
Or, les nombres en particulier ont été largement surestimés, et suite à nos recherches nous avons découvert que la doctrine du Falun Gong n’était pas des plus douces, qu’elle s’apparentait même à celle des Témoins de Jéhovah. Ceci ne veut pas dire que nous essayons de nier le fait que les membres du mouvement aient été persécutés, ou qu’ils soient bel et bien victimes du gouvernement chinois. Cela ne veut pas dire non plus que les membres de Falun Gong soient mal intentionnés. Tout ce que nous essayons de montrer est le fait que bien que le prosélytisme fasse partie intégrante des sectes, celui-ci n’est pas forcément condamnable puisqu’il ne définit en rien le mouvement.
            En conclusion, bien que le prosélytisme fasse partie des clichés concernant les sectes et qu’il s’avère que ces clichés sont effectivement fondés, nous ne pensons pas que c’est la caractéristique la plus importante des sectes en général, et qu’il faudrait même la faire passer en second plan. Puisqu’en somme, le prosélytisme peut s’apparenter aux méthodes que déploient certains partis politiques, voire certaines associations caritatives (distribution de tracts, organisation de réunions, accostes dans la rue …) En revanche, il y a beaucoup de critères autres que leurs méthodes de recrutement (certes pour certains pas très éthiques) qui différencient une secte d’une religion ou d’une simple organisation. Ces critères, qui incluent le danger réel que peut poser un mouvement à la société seront ceux que nous retiendront pour tenter de définir une secte, en laissant de côté la façon dont les sectes s’implantent et se répandent dans cette même société.
 
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